mardi 24 octobre 2017

"Pour la première fois depuis 1945", ou le deconantum antifa

Mardi 24 octobre 2017, journal télévisé de 13h de la RTBF (1).

La présentatrice annonce que ce jour est "un jour noir" pour l'Allemagne, qui voit plus de nonante "députés d'extrême-droite" (sic) siéger au Bundestag "pour la première fois depuis 1945" (re-sic).

La correspondante de la RTBF à Berlin en rajoute dans la noirceur : ce jour serait à marquer d' "une pierre noire".

De quoi s'agit-il ?

De la première séance du 19ème Bundestag dans lequel vont siéger des députés de l'Alternative für Deutschland (AfD).

La journaliste de la RTBF décrit ce parti comme "anti-Islam" et "anti-immigration".

Ne serait-ce pas plus honnête de dire que l'AfD s'oppose à l'islamisation de la société allemande et à la politique migratoire de Madame Merkel et de la Commission Européenne ?

On peut légitimement être en désaccord avec l'AfD sur nombre de ses analyses et propositions.

 A la différence de l'AfD, je ne crois plus à la pertinence de l'Etat-Nation comme cadre d'identité.

Je suis "Européen" depuis mes années d'école élémentaire par défiance envers l'Union Française (comme on disait alors), ensemble multicontinental, multiculturel et multiethnique dans lequel le décagénaire que je n'étais pas encore avait flairé que les populations historiques de l'Europe ("la race blanche" comme disait dans une exhalaison de haine l'insupportable Claude Bartolone, élu des petits-fils et arrière petits-fils de fellaghas algériens) seraient minoritaires.

L'AfD est un parti semblable à ceux de Messieurs Dupont-Aignan et Florian Philippot ("Les Patriotes") qui ne sauraient avoir mon suffrage.

Le deconantum antifa (2) consiste à parler d'une "première fois depuis 1945".

C'est FAUX.

Doublement FAUX.

Le Bundestag (Diète Fédérale) n'existe que depuis 1949.

Le premier Bundestag (1949-1953) comprenait des députés répondant beaucoup plus aux critères de l'"extrême-droite" que l'actuelle AfD. Y siégeaient notamment des députés du Rechtspartei Deutschland (parti de Droite d'Allemagne), rebaptisé Reichspartei Deutschland (parti du Reich, ou de l'Empire, allemand) dès 1950.

Ce parti et quelques autres proches de leurs analyses et propositions ont siégé dans les premières mandatures du Bundestag jusqu'en 1957, date à laquelle la CDU-CSU a remporté la majorité absolue.

Une dizaine d'années plus tard, les médiats ont joué à se faire peur avec l'ascension du NPD (parti national-démocrate d'Allemagne) fondé en 1964, qui est entré dans plusieurs Parlements de Länder, mais jamais au Bundestag.

Aujourd'hui, les mêmes médiats jouent à se faire peur avec le martèlement d'une "première fois depuis 1945" qui relève de la mésinformation.

La présentatrice de la RTBF (1) questionnait la correspondante de la chaîne franfoconne à Berlin : cette percée de l'AfD ne trahirait-elle pas la réceptivité de l'électorat à la "radicalité" ?

Radicalité ? Vous avez dit radicalité ?

Qu'est-ce qui est radical ou extrémiste ?

Le refus de l'AfD de continuer à voir la population autochtone remplacée par des originaires d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient ?

Ou Madame Claudia Roth, cacique du parti Vert qui manifestait en 1990 sous une bannière "Nie wieder Deutschland !" soit "Plus jamais l'Allemagne !", "Non à l'annexion de la RDA (l'Allemagne communiste)" ?

Ou la thèse se Joschka Fischer (encore un Vert !) selon lequel le gros défaut des Allemands consiste à générer de l'inégalité par leurs dons, leur travail et leur application.

Il conviendrait donc de dé-germaniser l'Allemagne. Par un apport migratoire non européen.

N'est-elle pas là la radicalité ? N'est-il pas plutôt là l'extrémisme ? Plutôt qu'à l'AfD.


N   O   T   E   S

(1) RTBF : radio et télévision publiques belges d'expression française

(2) antifa : antifasciste

vendredi 20 octobre 2017

Un oublié ou méconnu de l'Histoire des années 1940 à 1960 en France : le Parti Socialiste Démocratique

Dimanche 15 octobre 2017, la chaîne privée "i24news en français" (1) recevait l'académicien Alain Finkielkraut et l'ancienne ministre Jeannette Bougrab dans le cadre de l'émission "Elie sans interdit" animée par Elie Chouraqui.

Ce fut pour Alain Finkielkraut l'occasion de dénoncer les nouveaux habits de l'antisémitisme, l'islamisme, les dénis de la gauche etc... qui sont des thèmes sur lesquels il a souvent l'occasion de s'exprimer.

Alain Finkielkraut  attribue certains blocages idéologiques de ses anciens amis et de ses adversaires à l'existence du Front National : on reproche aux analyses de Finkielkraut de faire le jeu du Front National, et on nie ou on tait certaines réalités qu'il dénonce pour ne pas ..... "faire le jeu du Front National".

En somme, si on suit Alain Finkielkraut, tout irait mieux si le Front National n'existait pas, ou sans doute s'il était moins influent qu'il ne l'est en 2017 et depuis longtemps.

Mais que reproche au fond Alain Finkielkraut au Front National pour l'Unité Française, qui est le nom, en forme longue, de ce parti politique fondé en 1972 ? En dehors de parasiter sa communication ?

Alain Finkielkraut continue de rattacher le Front National, fondé .... 27 ans après la fin de la guerre 1939-45 au régime de Vichy et à la Collaboration. Ce qui démontre que l'Alain Finkielkraut contemporain est finalement moins différent de l'Alain Finkielkraut de ses débuts que beaucoup ne le croient. Dans la permanence de ses aversions : toujours les mêmes grands satans. 

Alain Finkielkraut a d'ailleurs participé à la primaire de La Belle Alliance Populaire, la primaire de la gauche organisée par le PS en janvier 2017, et fait le choix de Manuel Valls.

S'il fut, en France, après la guerre 1939-45, un parti politique qui s'inscrivait dans une certaine continuité, avec le régime de Vichy et la Collaboration, une continuité qui, rassurez-vous, n'était ni idéologique, ni programmatique, c'était bien le Parti Socialiste Démocratique fondé par Paul Faure en 1945 et qui a eu une activité jusque vers 1960.

Ce parti fut fondé juste après la fin de la guerre pour accueillir et permettre l'expression politique de militants de gauche ou de centre gauche d'avant-guerre qui s'étaient engagés, ou étaient accusés de s'être engagés dans la Collaboration avec le régime de Vichy ou directement avec l'Allemagne nationale-socialiste.

Certains d'entre eux furent condamnés pour leur engagement par les tribunaux de la prétendue Epuration. D'autres furent exclus de leurs partis politiques d'origine. Et la vocation du Parti Socialiste Démocratique était de les accueillir.

Le programme du Parti Socialiste Démocratique était-il pour autant "nazi", "néo-nazi", "fasciste" etc.... ?

Nullement !

Au programme de ce parti, il y avait : 1) la revendication de l'arrêt de la prétendue Epuration contre les anciens collaborateurs ou présumés tel; 2) la revendication de l'amnistie en faveur des condamnés pour faits de collaboration; 3) l'anti-communisme ("non à la bolchevisation de la France"); 4) le rejet de la Constitution de 1946 (adoptée par une coalition englobant le Parti Communiste, le Parti Socialiste S.F.I.O., le Mouvement Républicain Populaire qui représentait alors la démocratie chrétienne en France).

Le fondateur du parti, Paul Faure, avait été un allié de Léon Blum en 1920, lors du Congrès de Tours et de la scission entre Communistes et Socialistes de la S.F.I.O. Léon Blum et Paul Faure animaient le Parti Socialiste S.F.I.O. après le départ des Communistes qui fondèrent la S.F.I.C. (Section Française de l'Internationale Communiste) qui devint le Parti Communiste Français.

En 1948, la L.I.C.A. (dénommée aujourd'hui LICRA) accusa Paul Faure d'antisémitisme, expliquant sa rupture et ses polémiques avec Léon Blum par ce prétendu antisémitisme. Cette accusation n'eut pas le retentissement ni les effets qu'elle aurait aujourd'hui.

Loin d'être ostracisé, bloqué par un cordon sanitaire (2), le Parti Socialiste Démocratique était membre du R.G.R. (Rassemblement des Gauches Républicaines, qui constituait une sorte de parti radical élargi). Au sein de ce R.G.R., ce parti issu du rejet de l'Epuration et du résistantialisme (3) voisinait avec ....l'Union Démocratique et Socialiste de la Résistance (U.D.S.R.).

Mieux encore, si on peut dire, le R.P.F. (Rassemblement du Peuple Français), fondé par le général de Gaulle s'alliait avec le Parti Socialiste Démocratique pour conquérir des municipalités. La formation fondée par "le chef de la France Libre" s'alliait occasionnellement et efficacement (les mairies de Bois-Colombes et de Joinville-le-Pont, dans la Seine, furent remportées grâce à cette alliance électorale) avec un parti fondé pour accueillir des condamnés et des exclus pour collaboration, effective ou présumée, entre 1940 et 1944. Le rejet des institutions de la IVe République était commun aux Gaullistes et au Paul Fauristes (le Parti Socialiste Démocratique).

Ce parti avait son siège central à Paris, rue des Martyrs dans le IXe arrondissement, et disposait d'un organe de presse dont le titre était La République Libre.

Son activité et son influence se heurtaient au fait que nombre de ses membres étaient frappés d'inéligibilité à cause des condamnations prononcées contre eux en 1944 et au cours de l'immédiat après-guerre. Et puis, il y eut, au fil des congrès du Parti Socialiste S.F.I.O. des réintégrations qui diminuèrent d'autant le nombre des adhérents et militants du Parti Socialiste Démocratique.

Certains d'entre eux contribuèrent à la fondation du syndicat Force Ouvrière (de son vrai nom C.G.T. Force Ouvrière) et y militèrent.

Le Parti Socialiste Démocratique semble avoir cessé ses activités vers 1960 après une quinzaine d'années d'existence.

Il appartenait à cette catégorie de partis politiques fondés pour permettre l'expression politique de personnes rattachées à tort ou à raison, directement ou indirectement, à une expérience historique qui a pris fin, mais non pour la prolonger et encore moins pour la restaurer. 

Ainsi,  en Allemagne, dans l'Etat qui avait pris le nom de République Démocratique Allemande (1949-1990) a existé un parti dénommé NDP ou NDPD (parti national-démocrate) qui avait vocation à regrouper les personnes de sensibilité "nationale" contraintes de transférer leur allégeance au nouvel Etat imposé par l'occupation soviétique. Certaines d'entre elles étaient d'anciens nationaux-socialistes, d'autres non. Mais tous devaient se montrer "loyaux" envers la "république démocratique allemande". Sinon.....

Ainsi, en Espagne, pendant la transition démocratique qui a suivi le décès du général Franco et l'avènement du roi Juan Carlos Ier, un ancien ministre important du général Franco, Don Manuel Fraga Iribarne a fondé l'Alliance Populaire, devenue le Parti Populaire vers 1982. Ce parti, qui a gouverné l'Espagne de 1996 à 2004 et qui la gouverne depuis 2011, a d'abord accueilli d'anciens franquistes ralliés aux nouvelles institutions démocratiques, des citoyens espagnols attribuant des aspects positifs au bilan global du régime passé, et attachés à la préservation de certains de ces acquits, des citoyens ne se reconnaissant pas nécessairement dans les formations politiques directement issues de l'opposition au régime franquiste et "trop" marquées par ce passé oppositionnel. 

L'époque pendant laquelle le Parti Socialiste Démocratique (Paul Faure) a pu exister et fonctionner en France était moins manichéenne que l'époque présente, moins shoacentrique.

Quand j'apprends que des antifas drogués à la lecture de Télérama et à l'écoute d'Arte Journal ou d'i24news jouent à se faire peur en se racontant qu'ici ou là en Europe (voire ailleurs) tel ou tel parti fondé par d'"anciens nazis" ou d'"anciens fascistes" est proche du pouvoir, en passe de se libérer du "cordon sanitaire" établi autour de lui pour le confiner à jamais dans une léproserie politique, je m'amuse. En France, pendant 15 ans, un tel parti a existé et fonctionné, sans cordon sanitaire. Et c'était bien ainsi.

Ni la bande à Klarsfeld ni Bernard-Henri Lévy ne le tolérerait aujourd'hui. Il est vrai qu'ils étaient bien jeunes à l'époque.


N  O  T  E  S

(1) cette chaîne appartient actuellement, comme BFM-TV, à Patrick Drahi, homme d'affaires franco-marocain d'origine juive; elle dispose d'une page Facebook dont les administrateurs ont une conception très particulière de la liberté d'expression, du pluralisme et de la censure.....; 

(2) en 2017, Alain Finkielkraut justifie encore l'existence d'un "cordon sanitaire" isolant le Front National des autres formations politiques;

(3) on appelle "résistantialisme" l'attitude qui consiste à placer au centre de tout jugement politique ou historique l'attitude envers la Résistance à l'occupation du territoire français par l'Allemagne nationale-socialiste entre 1940 et 1944.