samedi 13 mai 2017

Extrémisme et modération

"I would remind you that extremism in the defense of liberty is no vice. And let me remind you also that moderation in the pursuit of justice is no virtue” (Barry Goldwater, U.S. Republican Convention, San Francisco, 1964).

En substance : l'extrémisme dans la défense de la liberté n'est pas un vice, et la modération dans la quête de la justice n'est pas une vertu.

Depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de ce qu'il est convenu d'appeler la république française, ces mêmes mots d'extrémisme et de modération sont habilement recyclés et détournés dans les médiats (1) pour mieux faire passer une "recomposition politique" annoncée, dans le sens des directeurs de conscience de ces médiats.

C'est ainsi qu'on qualifie de "modérés" ceux des membres du parti Les Républicains qui pourraient rejoindre la majorité présidentielle de Macron. Les médiats désignent ainsi les amis d'Alain Juppé, de Bruno Le Maire, de Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), de Jean-Pierre Raffarin, de Franck Riester etc....

En quoi ces gens sont-ils modérés ?

En rien.

Il apparaît que la modération qui leur est attribuée porte sur leur résistance aux canons de la correction politique et sociétale. Effectivement, elle est faible, négligeable, de façade, provisoire, juste bonne pour donner le change à leur électorat. Ces membres "modérés" du parti LR opposent une résistance modérée aux directeurs de conscience d'ARTE, de Télérama et d'autres médiats de cet acabit.

Est-ce être modéré que de plaider, comme le faisait dès 1999 Alain Juppé, pour la reprise de l'immigration économique, la relance des flux migratoires intercontinentaux sud-nord ?

Est-ce être modéré que d'affirmer comme le même Alain Juppé en novembre 2016 que l'identité de la France, c'est avant tout la Diversité (2), autrement dit que la France n'a d'identité qu'abstraite (les fumeuses "valeurs de la République"), sans aucune référence ethnique ?

Est-ce être modéré que de proposer, comme Franck Riester, député de Seine-et-Marne, une nouvelle loi durcissant les limitations déjà infligées aux libertés d'opinion et d'expression par la loi Fabius-Rocard-Gayssot (loi 90-615 du 13 juillet 1990) ? Cette loi criminalise l'expression publique du doute relatif à la pertinence de l'historiographie reçue en matière de crimes contre l'humanité attribués par les vainqueurs de la guerre 1939-45 aux vaincus. Le doute est assimilé à une négation, et cette même négation à un discours de haine (hate speech). La loi précitée a mis en place une Milice Zélote de la Pensée, une répression que la proposition de loi de Franck Riester se donne pour objectif d'aggraver. Si c'est ça un critère de modération.....

La campagne médiatique de l'entre-deux-tours entre le 23 avril et le 7 mai, s'est faite sur le thème du rejet de l'extrême-droite qu'aurait incarnée Mademoiselle Le Pen. En quoi cette candidate et son parti étaient-ils extrémistes ? Je ne peux en parler que de l'extérieur, ne partageant aucune des idées du Front Marinier, sauf deux : 1) le refus de la poursuite et de l'amplification des flux migratoires intercontinentaux sud-nord, 2) le refus du shoacentrisme et du manichéisme en matière d'histoire de la première moitié des années 1940 (encore que le Front Marinier semble s'être beaucoup "normalisé" sur cette dernière question). Sans doute, pour un natiosceptique comme moi, la place accordée par le Front Marinier et sa candidate à l'Etat-Nation (3) est elle....extrême.

Au terme "extrémisme", certains ont substitué celui de "radicalité". A la fin de l'hiver dernier, Alain Juppé expliquait sa renonciation à se porter candidat "de la droite et du centre" par la "radicalisation" des électeurs de François Fillon.

En quoi ceux-ci étaient-ils "radicaux" ?

En rien.

Est-ce être radical (= extrémiste) que de vouloir réduire les flux migratoires intercontinentaux sud-nord légaux au strict minimum, et de combattre les flux illégaux avec plus de détermination ?

Est-ce être radical (= extrémiste) que de vouloir réviser la loi sur "le mariage pour tous" en réservant l'adoption plénière d'enfants mineurs (les mots "plénière" et "mineurs" sont importants) aux couples formés d'un homme et d'une femme ?

Les médiats ont joué à se faire peur à propos du soutien apporté par l'association Sens Commun, issue de La Manif Pour Tous (campagnes contre la loi instituant un même mariage, avec les mêmes droits à tous les couples qu'ils soient composés de personne de sexe différent ou de même sexe) à la candidature de François Fillon.

Les mêmes médiats ne s'émeuvent nullement des mots d'ordre d'instances religieuses ou maçonniques contre tel(le) ou tel(le) candidat(e). Il y a pourtant une disproportion évidente entre l'influence que peut avoir Sens Commun et le Grand Orient de France. L'influence de celui-ci est réputée a priori licite, légitime et positive. L'influence de celui-là est réputée a priori à la limite de la licéité, illégitime, suspecte et négative.

L'attribution d'une radicalité/extrémisme ou d'une modération par les médiats et les autorités morales à des personnalités et à leurs programmes est plus révélateur de l'agenda de ces médiats et autorités qu'il ne nous renseigne sur les personnalités et programmes concernés.

Dis-moi qui tu juges "modéré", ou "radical" et "extrémiste", et je te dirais qui sont tes inspirateurs.

N  O  T  E  S

(1) On emploie ici l'orthographe "médiats" par solidarité envers M. Bernard Notin, cible d'une chasse aux sorcières médiatico-universitaire en 1990, menée par la Milice Zélote de la Pensée.

(2) Diversité = populations issues des flux migratoires intercontinentaux sud-nord.

(3) La France fut un Etat-Nation. Elle est devenue un Etat plurinational par overdose de pluriethnisme et de multiculturalité.