jeudi 4 février 2016

Olivier Ravanello (I-Télé), porte-voix des lobbies migratoires

Olivier Ravanello (°1972) a été journaliste sur la chaîne d'info continue I-Télé (devenue CNews). C'est un Drômois quadragénaire au visage de "latin lover". Il est sorti de la même école de journalisme que moi, mais tellement plus tard qu'il était impossible que nous nous y côtoyions.

J'avais déjà pressenti la rigoureuse corrrection politique et le conformisme idéologique ("pas d'amalgame") d'Olivier Ravanello. Un jour qu'un des présentateurs des infos était un de ses jeunes confrères d'I-Télé issu de la Diversité, Yani Khezzar, Olivier fut amené comme commentateur spécialisé, comme "senior editor" à parler Islam et islamisme. Il termina son intervention en reprenant le sempiternel refrain, l'adjuration de rigueur : "pas d'amalgame", "le vrai Islam ce n'est pas ça". Cette conclusion fut saluée avec gratitude et satisfaction évidente par Yani Khezzar.

I-Télé est la chaîne d'où a été viré Eric Zemmour et qui a parmi ses éditorialistes politiques un vétéran de la génération SOS Racisme Claude Askolovitch, auteur d'une lettre d'amour à "ces Musulmans" que la France n'aimerait pas, ou dont elle ne voudrait pas. Ca situe déjà les choses. Le problème, c'est l'absence de pluralisme : sur France 24, BFM TV, ARTE, France 2 et 3, c'est le même son de cloche sur les flux migratoires intercontinentaux sud-nord.

Mercredi soir 3 février 2016, I-Télé est allé rechercher un photographe turc. Celui-là même qui l'été dernier avait sorti la photo du corps d'un petit garçon syrien échoué sur une plage de Bodrum en Turquie. L'affaire avait plus ou moins fait "pschiitt" au bout d'un certain temps. On a appris que le petit garçon noyé et son père ne fuyaient pas la Syrie en guerre, qu'ils habitaient en Turquie depuis 3 ans, que son père voulait se faire soigner les dents à l'étranger (comme s'il n'y avait pas de chirurgiens-dentistes en Turquie...) et rejoindre des parents déjà installés au Canada. Le petit garçon a été victime d'une tentative avortée de son père pour quitter la Turquie, et nullement de la guerre en cours en Syrie. Certaines mauvaises langues parmi les "migrants" accusaient même le papa du petit garçon syrien d'être un passeur exploitant ses compatriotes.

Bon, on a voulu nous refaire le coup des charniers de Timisoara et des couveuses pour bébés de Koweit City (1) : retourner l'opinion publique, l'exciter, par une image, ou un lancer de rumeurs. Ca n'a pas marché comme certains le voulaient et s'y attendaient, mais le photographe turc à l'origine de cette image reprend du service.

Voilà que ce photographe nous revient avec de nouvelles photos de noyés. Cette fois-ci, les noyés n'ont pas de noms. Ca évitera d'avoir à rechercher s'ils sont vraiment morts en quittant un pays en guerre. 

On écoute le photographe nous dire qu'il a deux enfants, qu'il est ému, qu'il est en colère, qu'il est triste etc...., puis Laurence Ferrari qui préside, passe la parole à Olivier Ravanello.

Olivier se simplifie considérablement la tâche en ne discutant pas le moins du monde le dogme selon lequel les "migrants" de 2015 et 2016 seraient tous des Syriens et des Irakiens fuyant la guerre dans ces contrées (2). Il a compris que, pour le moment, trop de téléspectateurs ne considèrent pas encore "le droit à chercher ailleurs une vie meilleure" comme un droit de l'Homme imprescriptible. Alors, bon, ça passe mieux si on présente ces "migrants" comme des victimes (3), et non comme des migrants économiques. Et puis, il ne faut pas embrouiller l'esprit du téléspectateur. Surtout à une heure aussi tardive, après le repas du soir. Place aux idées simples : de malheureuses victimes d'une guerre que nous n'avons su ni empêcher ni arrêter frappent à notre porte. Ils se noient par notre faute : comme nous n'avons pas créé des filières légales d'immigration (c'est-à-dire ouvert toutes grandes les frontières de l'Europe), ils sont contraints d'immigrer illégalement et clandestinement, et prennent des risques et la noyade est l'un d'eux. Nous sommes coupables de non assistance à personnes en danger en empêchant nos gouvernements d'ouvrir les frontières à tous ceux qui voudraient les franchir. Ces noyades, nous en sommes responsables. Ouvrons toutes grandes nos frontières et ils n'auront plus à prendre le risque de se noyer pour nous rejoindre.

Olivier Ravanello est vraiment fortiche, un as. Il sait que tous ces gens sont des réfugiés, et ont droit à être accueilli en attendant d'être admis au droit d'asile. Il nous le dit. Il y a dans nos pays des services administratifs et sociaux qui mettent des mois pour traiter les dossiers de ces "migrants" et décider de leur statut. Avec Olivier Ravanello, c'est plus rapide, plus expéditif. Il vaut des centaines, voire des milliers de bureaucrates. Chapeau, Olivier !

Olivier sait que ces "migrants" sont......riches. Ben oui, le paiement d'un passeur, ça coûte cher. ceux qui ont recours à leur service ne peuvent être que riches (4). De toute façon, il le sait et nous l'affirme. Ils sont riches, donc......ils ont du talent. Olivier Ravanello ne leur a pas fait passer de test, mais ils sait que nombreux sont parmi eux ceux qui parlent plusieurs langues ("si ti sabir, ti respondir" comme il est dit dans Le Bourgeois Gentilhomme, de Molière).

Olivier Ravanello a entendu parler de la formule de Michel Rocard selon laquelle "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa juste part". Il sait que la première partie de la formule a eu plus de succès que sa suite. Il juge ce point de vue "cynique". Alors, il balaie cette objection : les "migrants" sont riches (si, si) et ils représentent une richesse, donc les accueillir, ce n'est pas accueillir de la misère, mais de la richesse moyennant un petit investissement de départ. 

Et Olivier Ravanello d'appeler à l'aide l'O.C.D.E. qui ne serait pas "un repaire de gauchistes galvanisés" (sic) et dont un rapport déjà ancien prescrivait d'avoir recours aux flux migratoires intercontinentaux sud-nord pour compenser le vieillissement des populations européennes. Le Japon est pourtant membre de l'O.C.D.E. mais ne suit pas cette recette.

Olivier Ravanello parle comme si l'Europe n'accueillait pas déjà depuis un bon demi-siècle des migrations sud-nord massives et continues. Alors, il nous assène avec un aplomb remarquable le sophisme suivant : les "migrants" de 2015-2016 ne représenteraient après tout qu'un infime pourcentage de la population actuelle de l'Europe. Il tait que les personnes non intégrées ou mal intégrées, voire non intégrables, issues de flux migratoires sud-nord récents (depuis un demi-siècle) constituent déjà une part importante de la population résidente en Europe. Il nous adresse un plaidoyer pour augmenter considérablement la part de cette population. Ses statistiques sont biaisées. Comme celles des démographes qui ne comptabilisent pas les naissances en France de personnes issues de l'immigration parmi la population immigrée. C'est-à-dire que ni l'I.N.E.D. ni les démographes médiatisés ne considèrent  comme immigrés les enfants d'immigrés qui figurent à la sous-rubrique "naissance" de la rubrique "état-civil" de votre bulletin municipal. C'est ce qui permet d'affirmer contre toute évidence : l'immigration en France est modérée voire faible, stable, comparable à ce qu'elle était dans les années 1930. Ben voyons, si déjà vous soustrayez de la catégorie "immigrés" tous ceux qui naissent en France.....

Olivier Ravanello plaide pour un accueil massif et sans réticences. Au nom de la morale. Au nom de l'intérêt : ces "migrants" qui pourraient relancer la croissance économique. Olivier va finir par nous convaincre des aspects positifs de la .... décroissance prônée par le Vert Yves Cochet....

L'erreur d'Olivier Ravanello et celle de la doxa des médiats est de considérer que puisque tous les hommes sont égaux.....ils pourraient être interchangeables. Eh bien non.

Il est vrai qu'une société très hétérogène risque moins de se rebeller, sera toujours plus manipulable. En 2009, lors des troubles sociaux en Guadeloupe, des spécialistes de l'opinion avaient écarté la possibilité d'une contagion à la France d'Europe (la Métropole) de ce mouvement social. Leur argument : la population de la Guadeloupe est globalement consciente d'une origine commune marquée par les racines africaines, la traite, l'esclavage, l'affranchissement etc...Elle est naturellement plus portée à la solidarité entre ses membres. Alors que la population de la France d'Europe (la Métropole), plus hétérogène, dissuadée de se poser la question d'une identité ethnique et historique, est moins susceptible de se trouver des intérêts concrets communs, reste plus manipulable. Par I-Télé et les autres...


N   O   T   E   S

(1) En décembre 1989, lors de la révolution roumaine contre le régime des Ceaucescu, pour intéresser l'opinion mondiale à ces évènements et noircir l'image des Ceaucescu, des opposants avaient retiré des cadavres de la morgue des hôpitaux pour les présenter comme des victimes de la Securitate, une police du régime Ceaucescu. Ces cadavres photographiés de patients hospitalisés, étaient présentés comme des cadavres découverts dans un charnier à Timisoara. Cette fable fut très efficace et longtemps admise;

en 1990 ou 1991, pour convaincre l'opinion mondiale de la scélératesse de Saddam Hussein ("le nouvel Hitler" disait-on), une membre de la famille princière du Koweit (Etat revendiqué par l'Irak de Saddam Hussein et annexé par celui-ci) avait inventé, avec l'aide d'une agence de communication américaine, que des soldats irakiens avaient fait mourir sciemment des enfants koweitiens en débranchant les couveuses de maternités dans lesquelles ces enfants étaient soignés. Et ça avait marché....

(2) Ajoutons si on veut l'Afghanistan et l'Erythrée. Mais on trouve parmi ces "migrants" des Africains du Nord et d'Afrique noire.

(3) Il y a déjà plusieurs mois, toujours sur I-Télé, Olivier Ravanello a prétendu que la prolongation de la guerre en Syrie était dû à l'abandon dont avait été victime François Hollande début septembre 2013, de la part des Etats-Unis. Alors que François Hollande était prêt à partir en guerre contre le gouvernement syrien ayant eu recours à des armes chimiques, Barack Obama l'aurait lâchement....lâché. C'est archi-inexact. En septembre 2013, Barack Obama a renoncé à frapper la Syrie en raison d'une médiation russe et surtout et d'abord parce qu'un vote de la Chambre des Communes avait interdit au gouvernement britannique de s'engager alors en Syrie. Obama ne pouvait se contenter d'une coalition avec la seule France. Il a renoncé parce que le gouvernement de Londres avait préalablement dû renoncer. Et pan sur l'amour-propre de l'arrogante Grande Nation. On a donc lancé la fable d'un clairvoyant et courageux François Hollande qui aurait pu arrêter la guerre en Syrie dès 2013 et éviter la "crise des migrants" s'il avait été suivi par Obama. Le rôle joué par la Chambre des Communes est totalement passé sous silence dans ce conte à dormir debout qui flatte le national-narcissisme hexagonal.

 (4) Le Danemark est donc fondé à saisir une partie des biens des "migrants" qui les ont apportés avec eux. Ca permettra de financer l'accueil de tous, pourvus ou non d'argent ou d'objets de valeur. Cela, I-Télé ne vous le dira pas. Mais il répercutera sans hésitation les condamnations portées contre cette mesure du gouvernement danois, accusé de favoriser stigmatisation (le mot fétiche) des "migrants" et peur.