samedi 5 mai 2012

L'enjeu du scrutin du dimanche 6 mai : cumul ou non cumul ?

Selon la loi, la campagne électorale pour le scrutin qui se tient le dimanche suivant cesse le vendredi précédent à minuit. Ce samedi 5 mai 2012, au journal de France 24 (chaine satellite), la présentatrice rappelait que c'était "silence radio" (sic) pour les deux candidats au second tour de l' élection du président de la république.

Pour eux peut être, mais assurément pas pour les partisans de François Hollande dans les médiats.

Samedi matin, 5 mai, journal de la rédaction de France Culture (radio d'Etat) : le présentateur annonce l'ouverture de bureaux de vote dans certains territoires étrangers ou d'outre-mer en rappelant qu'au premier tour les électeurs inscrits dans ces bureaux de vote avaient "plébiscité" (sic) François Hollande; si on n'éteint pas la radio tout de suite, on apprend que l'abstention avait été particulièrement importante, sinon massive, dans ces bureaux de vote et que les électeurs de l'étranger avaient placé en tête au premier tour soit Nicolas Sarközy, soit François Hollande. Où est donc le plébiscite de ce dernier ? Au sein de la rédaction de France Culture assurément !

Sur France Musique, (radio d'Etat) on a recours à un langage plus codé : un annonceur rappelle aux auditeurs que nonobstant la cessation de la campagne électorale, il faut savoir que la musique de jazz est liée ... aux valeurs humanistes et républicaines.

Samedi 5 mai, en milieu de journée, journal de la rédaction de France Culture, on y va encore plus fort que le matin; on en rajoute une louche : la radio enculturelle choisit de se pencher dans son court journal sur le cas d'un résident illégal, un Camerounais d'âge incertain (le passeur qui l'a fait entrer illégalement en France d'Europe lui aurait volé ses papiers -pour qu'ils servent à d'autres ?-) mais qui aurait entre 17 ans et demi et 20 ans. Qu'est-ce que ça a à voir avec la campagne électorale pour le second tour de l'élection présidentielle ? Ceci : ça permet de parler des camps de rétention où séjournent les résidents illégaux en instance d'expulsion ou de reconduite à la frontière. Et la question des camps de rétention a été évoquée au cours de la campagne électorale. Dans le cas de ce Camerounais, on apprend que l'ambassade de son pays en France d'Europe lui a fourni de nouveaux papiers (sur quelle base ?) lui permettant d'être reconnu comme mineur et ainsi d'échapper au placement en centre de rétention. La rédaction de France Culture a pris la peine (c'est dire l'importance qu'elle attache à cette affaire et combien elle la tient pour emblématique) de s'adresser à la préfecture de l'Essonne pour s'enquérir du cas du héros qu'elle vient d'adopter, et il est précisé à l'auditeur que ladite préfecture n'a pas souhaité répondre aux questions de la rédaction de France Culture. Comme il faut en finir et bien se faire comprendre, France Culture avertit : d'ici 5 jours, ce Camerounais pourrait être ... expulsé après avoir transité par un centre de rétention. Autrement dit : votez François Hollande pour avoir une chance de le garder sur le territoire de la France d'Europe.

En dehors de toute considération liée aux programmes politiques des candidats, l'enjeu du scrutin du 6 mai 2012 est le suivant :

Voter François Hollande le 6 mai 2012, ce serait permettre à la même nébuleuse politique de cumuler tous les pouvoirs : le pouvoir d'Etat au niveau central (qui lui échappe depuis une décennie), le pouvoir médiatique, le pouvoir culturel, l'hégémonie dans l'Education etc.... Mener une opposition à François Hollande serait très difficile puisque la majorité des médiats et du monde culturel, des "autorités morales", l'ont déjà plébiscité. Ces milieux, ces prétendues autorités ne permettront que des contestations de détail, ciblées, et rendront inaudibles, et illégitimes, les autres oppositions. Pour longtemps. François Hollande serait au bénéfice d'un état de grâce durable qui serait refusé de toute façon à son concurrent.

Voter Nicolas Sarközy le 6 mai 2012, c'est permettre le maintien d'une certaine séparation des pouvoirs : le pouvoir d'Etat au niveau central, gouvernemental, continuera à échapper à ceux qui détiennent déjà l'hégémonie dans l'Université, l'Education (je le sais, j'en viens), une partie de la magistrature, les médiats (y compris les médiats publics, d'Etat), le monde culturel, les autorités morales auto-proclamées C'est empêcher l'accaparement de tous les pouvoirs par le même camp politique et idéologique. Ce camp nous a administré la preuve que la contestation de la politique de Nicolas Sarközy, même excessive et systématique, et possible. Il l'interdirait à l'encontre de François Hollande.

Non à François Hollande !