samedi 11 février 2012

Fanatisme prétendument "antiraciste" contre Liberté d'expression : 0 - 1

Bonne nouvelle : un tribunal belge vient de débouter le Sieur Bienvenu (sic) Mbutu Mondondo, Congolais résidant en Belgique, auquel s'était joint le CRAN français (Conseil Représentatif (?) des Associations Noires), qui demandait l'interdiction de la commercialisation de l'album Tintin au Congo, de Georges Rémi, dit Hergé, au motif qu'il s'agirait d'une oeuvre "raciste".  Il me semble qu'il avait été demandé par les plaignants que l'album, si sa commercialisation ne pouvait être interdite, ne puisse être publié sans un "avertissement au lecteur". Ils sont de toute façon déboutés.

Lecteur de Tintin au Congo, je ne m'étais jamais aperçu d'un quelconque "racisme" dans cet album qui était publié en swahili dans différents pays africains depuis des décennies sans que personne ne s'en émeuve. Peut-être cet album, parmi les premiers de l'auteur, était-il un peu plus "naïf" que d'autres qui ont suivi. Des amis congolais m'ont en outre dit que les illustrations ne donnaient pas une image exacte des paysages congolais. Soit.

Non seulement je n'avais pas perçu de "racisme" dans cet album ni dans l'oeuvre de Hergé en général, mais cette accusation me rappelle qu'au contraire la tendance de Tintin à se comporter en défenseur, sinon de "la veuve et de l'orphelin", du moins de quelques indigènes des pays dans lesquels se déroulait l'action (Le Lotus Bleu, Le Temple du Soleil,) m'avait étonné (j'aurais préféré qu'il se pose en protecteur de quelqu'un auquel je puisse plus directement m'identifier).

Il aurait suffi que Tintin fasse pour Coco (son boy dans Tintin au Congo) ce qu'il fait dans d'autres albums pour Zorrino ou pour Tchang, mais l'intrigue s'y prêtait moins bien. Le premier "méchant" qu'on trouve dans cet album est un Blanc (la passager clandestin du bateau qui amène Tintin au Congo).

Je comprends que certains aspects de la colonisation de son pays, du Congrès de Berlin à 1960, puissent inspirer du ressentiment à M. Bienvenu Mbutu Mondondo mais ce ressentiment n'a pas à s'exercer contre cet album, contre l'oeuvre de Hergé en général. L'appétit de censure, Bienvenu Mbutu Mondondo, serait bien avisé de le laisser à des gens comme Edwy Plenel, ancien du journal Le Monde, encore récemment chroniqueur à France Enculture "Ligne de Fuite", qui n'appellait à rien moins qu'à la mise à l'index d'un essai d'un auteur qui exprimait ses impressions de voyageur du RER dans des termes inacceptables pour le fils de l'ancien vice-recteur des Antilles, ponte de Mediapart, le médiat qui "balance".

Qui aurait pu imaginer que quatre-vingts ans après la parution de Tintin au Congo, un Congolais prétendrait imposer par voie judiciaire au public de son pays d'accueil la notion de ce qu'il devrait avoir le droit de lire, ou non, et à quelles conditions ? Il s'agit d'un rapport de forces et d'intimidation à prétention morale. Je n'en veux pas ! Honni soit qui mal y pense.

La procédure n'est pas terminée : Maître Ahmed L'Hedim, avocat de Bienvenu Mbutu Mondondo va faire appel de ce jugement. A suivre.