mercredi 23 février 2011

Muammar Khadafi : la courte mémoire des médiats

L'opinion dite publique, c'est-à-dire l'opinion médiatique, voue Muammar Khadafi aux gémonies (février 2011).

Et pourtant.....Il n'y a pas si longtemps, tout ce que la classe politico-médiatique comptait de fans des "mouvements de libération nationale" du Tiers-Monde (aujourd'hui, on dirait : du Sud), de professeurs de morale, de simili Stephane Hessels, de donneurs de leçon d'éthique, de professeurs de "valeurs" humanistes etc...étaient très énamourés du leader de la révolution libyenne.

En 1984, les deux dirigeants socialistes François Mitterrand et Andréas Papandréou ont rencontré Khadafi en Crète. Les médiats louaient l'ouverture et l'intelligence des deux dirigeants socialistes, qu'ils opposaient à l'infantilisme et à l'étroitesse de Ronald Reagan envers le même Khadafi. Il y avait sur FR3 (aujourd'hui France 3) un journaliste communiste (que, stupidement, Le Monde comparait au Bel Ami (sic) de Maupassant). Etant parvenu à établir la liaison entre le studio de FR3 et la Crète, le journaliste communiste ne se sentait plus de joie lorsqu'ayant adressé une question au dirigeant libyen, celui-ci lui fit l'honneur de lui répondre. Ca me faisait penser à l'histoire narrée par Maurice Clavel dans "Dieu est Dieu, nom de Dieu" : une religieuse catholique progressiste revenait folle de joie d'un meeting auquel participait le syndicaliste CGT Krasucki parce que celui-ci l'avait tutoyée.

Il fut un temps où il en était de Khadafi comme il en avait été de Mao-Ze-Dong : chaque fois qu'il lui prenait d'exprimer une idée qui pouvait surprendre, il y avait là quelques commentateurs pour s'extasier de la dernière enormité du bédouin et faire savoir que ceux qui s'étonnaient étaient trop bêtes pour comprendre le génie de Khadafi. Ainsi, me semble-t-il, l'essayiste Gabriel Matzneff qui s'était essayé à commenter et à justifier un appel de Khadafi aux Chrétiens leur demandant de devenir Musulmans pour la bonne entente islamo-chrétienne : Matzneff assurait ses lecteurs que Khadafi ne demandait nullement aux Chrétiens de porter le turban; mais d'aller jusqu'au bout de leurs convictions, ou quelque chose comme ça. Bref, le propos provocateur du bédouin était une manifestation de la profondeur de son génie.

Et le démagogue cocardier Jacques Chirac, Premier ministre, se rendant à Tripoli dans les années 1970, déclarait y être venu "avec un préjugé favorable" et y donnait l'accolade au commandant Jelloul, un des compagnons de Khadafi. Chirac, de presque dix ans l'aîné de Khadafi, jouait sur une sorte de complicité générationnelle avec l'excentrique guide de la révolution libyenne qui représentait pour les médiats "progressistes" et DeGaullards une nouvelle et prometteuse génération de dirigeants arabes.

Dès 1970, sous Pompidou, Khadafi était un excellent client des marchands français d'armement. On l'avait dit fils d'une Juive yéménite razziée.

En 1982, Khadafi suggérait aux dirigeants palestiniens chassés du Liban par l'intervention israélienne de se suicider. Depuis, il a inventé le concept d'un Etat unique commun aux Israéliens et aux Palestiniens : l'Isratine, qui n'enthousiasme ni les uns ni les autres.

Qu'est-ce-que Khadafi a fait de bien ?

Il a renoncé aux armes de destruction massive et a ralenti la colonisation de peuplement de l'Europe par l'Afrique par ses camps de rétention et de tri.

L'adulation dont il a un temps été l'objet de la part de l'imbecillentsia "progressiste" l'a ridiculisée une fois de plus pour quiconque a assez de mémoire, et c'est bien ainsi.

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